Le Secret des Poignards Volants

by - mai 19, 2018


LE SECRET DES POIGNARDS VOLANTS
de Zhang Yimou

En 859, la Chine vit les dernières années de la Dynastie Tang et le pays se déchire. Les inégalités et les privilèges font naître des contestations et des groupuscules dont celui des poignards volants. Quelques années au par avant leur chef avait été assassiné par les forces du pouvoir en place, et une remplaçante encore plus féroce a pris la tète de cette rébellion. C'est l'arrivée d'une nouvelle danseuse aveugle en ville, qui réveille les souvenirs ne serait-ce pas la fille de l'ancien maître?

Ce film est un Wu Xia Pian, genre du cinéma chinois que l'on pourrait traduire par « film de héros martial». Il se rapproche du style littéraire du Wuxia, style très répandu qui met en scène un chevalier errant expert en art martiaux. Ce genre a été remis à l'honneur au début des années 90 avec The Blade de Tsui Hark, et a touché le publique occidental dans les années 2000.
Les thèmes traditionnellement traités sont l'opposition du bien et du mal. Ici représentés parles deux camps. l'introduction du film pose les bases et désigne les résistants comme les bons, et la police pour les méchants. Avec une présentation des actes de tortures mis en scène avec tact et intelligence. 
Mais la finesse de la mise en scène s'applique a, à peu prés chaque moment du film. par exemple les acteurs qui incarnent les policiers ont un uniforme. Uniforme qui comporte un chapeau qui concentre toutes les attentions et des habits noirs. Ils se ressemblent beaucoup, tant et si bien que le réalisateur décida de faire manger de cacahuètes à l'un de ses personnages pour que les occidentaux le reconnaissent... ces choix donnent un aspect de corps, un corps masculin, rigide, et sombre en accord parfait avec les locaux où ils travaillent. Alors que les opposants prennent les très jolis traits d'une rebelle.

Au fil du film, lorsque nous les rencontrons, on ne voit que des femmes; en foret, avec des grands chapeaux tissés qui attirent l'attention et cachent leurs visages, et une tenue verte. Là aussi les individualités se perdent et se fondent dans le couleurs où elles évoluent. Dans chacun de ces corps combattants, l'individualité et soit gommée soit utilisée. Le film les renvoi dos à dos ses combattants qui se battent pour l'Histoire, mais ne se retrouve confronté que par leur histoire.


Et là on tombe sur le second thème traditionnel des Wu xia Pian l'opposition entre le devoir et le désir. C'est décliné pendant tout le film. je ne veux pas spoiler ou galvauder l'histoire. Je vous parlerai juste de Jin l'officier qui se fait passer auprès de la belle danseuse pour un chevalier servant, libre de tout attache, dans l'espoir d'infiltrer ce groupe. Il passe son temps à être déchiré par son devoir, son positionnement de bourreau des cœurs, et son immense attrait pour le demoiselle dont il tombe sous le charme.

Il y a une scène autour d'un bouquet de fleurs qui reprend tous ces enjeux, avec une dose de poésie surprenante. Je vous laisse découvrir le reste.
Bien sur l'élément phare de ce genre de film sont les combats.... et c'est un régal. Des chorégraphies à couper le souffle, c'est aérien, rythmé, c'est superbe. Le petit plus de ce film est le son. Ces combats sont très organiques et réveillent les sens. C'est le bruit d'un couteau qui fend les bambous, ce sont le bruit des bambous qui s’écrasent ou sont écrasés. Mais ce sont aussi les flèches qui fendent l'air, les couteaux qui volent et se plantent. Ou encore une épée qui coupent des brassées de fleurs. Ces paramètres renvoient à la cécité de notre héroïne. Et ce parallèle entre les combats et la nature se prolongent jusqu'à la dernière scène.


Ce long métrage a un thème énoncé. Des les premières minutes sous la forme d'une chanson, qui est entonnée à plusieurs reprises. Et qui parle des malheurs qu'une très belle femme apporte aux hommes

«Dans le nord vit une beauté indépendante et sans pareille.
Un regard d'elle fera tomber une ville;
un second regard fera tomber une nation
On préférait ne pas savoir si ce sera une ville ou un nation qui tombera,
Car contempler encore une telle beauté serait bien difficile»

Et effectivement Xiao Mei interprétée par Zhang Ziyi est sublime. D'abord car l'actrice est belle, il n'y a pas à polémiquer. Ensuite les costumes qu'elle porte la mette en valeur, tout comme les décors et les maquillages. L'une des premières scènes où elle intervient
est une ou elle est dans un kimono avec des manches interminables qui frappent comme par magie des tambourins. Elle est aussi belle que sensuelle. Et autour d'elle est exploité un coté organique, très puissant. Le froissement de la soie, le bruit des manches qui après s’être déployées percutent le tambourin, le bruit du ruisseau sauvage dans laquelle elle se baigne, le bruit d'un bouquet... ça décuple son coté sensuel, elle est envoûtante et secrète . Ce personnage parle directement à nos sens comme rarement dans un film. À ses cotés des acteurs dont je parlerai peu pour ne pas spoiler l'histoire.
andy lau joue le plus gradé des policiers. Il respire la rigueur et sa prend une toute autre dimension quand l'histoire se développe. Et Takeshi Kaneshiro qui est séduisant en diable, est l'interprète de Leo.

Ce film est un petit bijou dans son genre. Les images, les couleurs, la mise en scène tout est millimétrée.

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