Tyrannosaur n'est pas un film sur le dinosaure en question, mais plutôt le portrait d'une humanité en berne qui manque parfois aux hommes. Paddy Considine c'est l'acteur que l'on voit dans de bons films mais que l'on a du mal à retenir, ce qui devrait toutefois changer avec son premier film. Auréolé d'un bon succès critiques, il passe avec brio dans plusieurs festivals de films indépendants pour une sortie en salles plus que confidentielle et on peut remercier la TV qui le diffuse …

Alors que l'on découvre le narrateur Joseph, on assiste au massacre de son chien par lui-même, sans le voir mais en le ressentant, le film venait de se lancer. Joseph semble perdu, hagard, sans but depuis la mort de sa femme, il boit, il joue et accumule les conneries. Une désespérance qui finit souvent par de violent excès de colère. Alors qu'il semble destiné à finir sa vie seul, il rencontre Hannah, une femme posée, chrétienne qui peut lui apporter un certain équilibre, mais c'est sans compter sur ses démons à elle, battue, humiliée, trompée … Ils vont tout les deux apporter une solution à l'autre …

Je ne suis pourtant pas fan des drames social anglais, mais ce premier film de Paddy Considine dégage une telle force que l'on ne peut être que saisi devant tant de bestialité. Car le portrait de ces deux personnes est sans concession, quoique un brin forcé, on plonge avec eux dans le quotidien d'une vie de forçat, dure, triste et seule, tout deux confrontés au regard impitoyable de l'autre avec la dose de cruauté que la vie peut nous imposé. Et Paddy Considine a la bonne idée de nous en faire baver, de rien épargner aux spectateurs pour que les acteurs laissent éclatés leurs instincts les plus bas, en résulte une atmosphère chargée en électricité, noir et nihiliste

Et pour finir un petit mot sur les acteurs présents, Peter Mullan est tout simplement énorme, on le sent fatigué, usé et qui renferme en lui une immense colère et cet acteur arrive à jongler avec ses divers sentiments de façon juste et vrai, ensuite on trouve Olivia Colman que l'on aperçoit dans Doctor Who est tout aussi généreuse et talentueuse, entre foi indéfectible et solitude ; Eddie Marsan quand à lui joue un bel enfoiré, sadique et vraiment mesquin, heureusement qu'il nous fera rire dans « The World's End ».