Shin Godzilla

by - avril 05, 2018


Un raz de marée inonde une partie de la côte de Tokyo. Après avoir pensé qu’il s’agissait d’une catastrophe naturelle, les scientifiques se rendent compte que le responsable de ce désastre n’est autre que Godzilla, une créature géante prête à tout détruire sur son passage.

Shin Godzilla – Réalisé par Hideaki Anno et Shinji Higuchi

Avant de voir « Shin Godzilla », ma connaissance de cette icône japonaise tenait en deux films, l'ignoble et raciste « Godzilla » réalisé par Roland Emmerich, puis celui de 2014 réalisé par Gareth Edwards. Le second m'a bien plu, malgré des manques évidents dans l'écriture; mais cela n'avait à aucun moment la portée politique et symbolique du « Godzilla » original, œuvre cathartique sur les bombardements d'Hiroshima et Nagasaki. Et comme à ce jeu, on est toujours mieux servis que par soi même, la Toho à produit un nouveau « Godzilla », qui cette fois, sera la métaphore de la catastrophe nucléaire de Fukushima, conséquence désastreuse du tsunami du 11 Mars 2011 !

Alors qu'une matinée paisible s'écoule, une infiltration massive d'un liquide rougeâtre inonde l'un des tunnels de Tokyo. Un incident concomitant à un fort dégagement de chaleur au large de la baie à Tokyo. L'alerte lancée, les autorités se réunissent pour décider d'un plan d'action et enfin savoir ce qui se passe, hélas ils retrouvent vite dépassés quand une créature amphibie remonte l'un des cours d'eau de la ville, semant la panique parmi la population. Les autorités sont alors partagées, doivent ils tuer la créature ou la comprendre ? Le gouvernement s'occupe alors de l'évacuation des civils et des forces militaires, ainsi que de la stratégie à adopter; quand un autre groupe recherche la créature et un moyen de la neutraliser. Une aide inattendue viendra des USA, qui apportera son lots d'informations, comme le nom de la créature, « Godzilla » …

Si la réputation qu'il a acquis auprès d'une poignée de fans en France laissait présager un film de bonne facture, j'étais au final bien loin du compte, car en plus d’être un excellent « Godzilla », le film réalisé par Hideaki Anno et Shinji Higuchi se paye le luxe de citer l'un des plus grands animés jamais réalisés, l'inimitable « Shin Seiki Evangelion » de … Hideaki Anno !

Le scénario écrit par Anno en personne se veut à la fois très simple, mais aussi éminemment complexe! L'histoire ne se contente pas de parler d'un monstre qui ravage l'état japonais, il se plonge dans les arcanes complexes de la société japonaise et de son monde politique qui ne sait pas collaborer ensemble. Une métaphore sans détour du Japon pendant la catastrophe du 11 Mars 2011. Le tsunami devenant l'arrivée de « Godzilla » et ses conséquences (Fukushima), les dégâts que fera le monstre, lui le fruit de mutation due aux déchets radioactifs. Mais voilà, si l'intrigue est sans détour, avec son lot de morts, de regrets et d'humiliations (l'ingérence américaine, la décision de l'ONU), Hideaki Anno distille à coté de ça, les contours d'un Japon plus jeune et combatif. Un peuple qui panse encore ses plaies, qui souhaite allez au delà des divisions, pour se réinventer, malgré la douleur, les morts et les catastrophes. Et comme la fin le laisse présager, quelques soient l'avenir, il leurs faudra faire face, ensemble !
La réalisation est à la hauteur et elle nous fait vivre des moments aussi intense que particulièrement terrifiant. Les deux co-réalisateurs, Hideaki Anno et Shinji Higuchi se partagent les taches, le premier s'occupe de toutes les scènes avec des dialogues, le second des scènes avec des effets spéciaux, rendant ainsi justice aux films de Kaiju-Ega par un respect méticuleux des traditions, un montage rythmé et par l’avènement des nouvelles techniques (performance capture) qui ne dénature pas l'aspect organique de ce nouveau Godzilla. C'est aussi un film qui prend le temps de laisser vivre son intrigue et si comme pour moi vous avez vu l'anime de Hideaki Anno cités plus haut, vous ne serez pas dépaysé, tant par le rythme du film, que par certaines scènes qui vous rappelleront l'animé que par la musique de Shiro Sagisu et des quelques thèmes qu'il a repris pour le film ! Ajoutons à cela un casting qui se tient et qui donne le meilleur de soi-même malgré l'importance de l'entreprise à l'écran.

Fort d'un message écologique, anti-nucléaire et anti-militariste, ce « Shin Godzilla » redonne ces lettres de noblesse à ce symbole japonais, redevenant ainsi l'entité cathartique des traumatismes du Japon présent, passé et futur …



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