L'Associé du Diable

by - septembre 15, 2017


Kevin Lomax, jeune et brillant avocat de Floride, va perdre ses illusions quand un grand cabinet de New York va l'approcher et lui confier des affaires. Le patron, Milton, s'intéresse à lui et lui confie les plus gros dossiers.
L'Associé du Diable – 14 Janvier 1998 - Réalisé par Taylor Hackford

« Le Paradis Perdu » est un poème ! Un poème épique qui revient sur deux choses, deux épisodes de la bible, a savoir la rébellion de Satan, Ange déchu, et le péché originel d'Adam et Ève tentés par le serpent dans le jardin d'Eden. Son auteur ? Le poète et pamphlétaire John Milton. Et Milton, c'est aussi le nom d'un des personnages principal de « l'Associé du diable ».
Je vous laisse deviner lequel …

Kevin Lomax est un petit gars de l'Amérique rurale, bien élevé et profondément catholique. Un passé qui ne l'a jamais empêché de devenir ce qu'il souhaite, un brillant avocat, le meilleur de tout le comté. Rien ne lui échappe et ça quelque soit l'affaire qu'il défend, même si moralement c'est parfois difficile. Alors qu'il fête sa dernière victoire avec sa chérie et les membres du cabinet d'avocats ou il exerce, un homme l'interpelle et lui transmet la proposition du plus grand cabinet d'avocat de New-York. Kevin est à la fois surpris et flatté, lui l'homme ambitieux! Et c'est tout naturellement qu'après en avoir parlé avec sa compagne Marie-Ann, il accepte la proposition et part rencontrer le mystérieux et tout puissant John Milton.

"Better to reign in Hell than serve in Heaven"

C'est au final un film assez décevant, pour ne pas dire mauvais! Si cette peinture de la vanité que nous livre Taylor Hackford à le mérite de voir la société comme elle est de nos jours (avec vingt ans d'avance), cela ne peut cacher et sauver un long-métrage bancal du début à la fin. Pourtant c'est un film qui démarrait bien, avec une ambiguïté et un cynisme savamment dosé, des qualités indispensables pour devenir « L'associé du diable » (Titre qui soit y en passant, vous spoile l'intrigue impunément) !

L'histoire écrite par Jonathan Lemkin et Tony Gilroy est tiré du livre éponyme d'Andrew Neiderman. C'est un récit dans le genre « Rise&Fall », avec un jeune avocat plein d'ambitions, qui grimpe au sommet de la chaîne alimentaire, avant d’être déchu de son piédestal. Dans un premier temps c'est bien amené, le cadre est bien définit et la dichotomie entre la campagne et la ville fonctionne admirablement bien (quoique classique), notre personnage principal est un rookie un peu naïf qui se laisse vite dépasser par ses émotions et surtout ses envies. Et c'est la que plus rien ne fonctionne! Car le reste du récit essaye de montrer qu'un être humain est tenté de faire des choses répréhensibles qui vont contre la morale, une répétition du péché originel à la sauce gratte ciel et costumes 3 pièces. Sauf que ça ne fonctionne pas, car on suit un « avocat », une personne qui est amenée à défendre les accusés comme les victimes et qui de facto se doit de mettre sa morale en « veille ». Donc comment peut on prendre un récit comme celui ci au sérieux, quand la profession de Kevin Lomax l’amène naturellement à être « contre la morale » ?

« Eddie Barzoon, regarde-le bien parce qu'il est la figure emblématique des mille prochaines années. Les gens comme lui, c'est pas par hasard qu'ils existent. On aiguise tellement les appétits humains qu'ils pourraient fissionner n'importe quel atome de leur désir acéré. On bâtit des égos de la taille des cathédrales, et la fibre optique relie l'ensemble du monde à chaque pulsion du plus petit ego. On rend bandant les rêves les plus tartes à force de billets verts, de toc, de plaqué, de paillettes, jusqu'à ce que le dernier des humains se prenne pour un empereur et devienne son propre dieu. »

Cet extrait est issue du monologue de John Milton (Al Pacino) qui digresse avec passion sur l'état du genre humain. Une réflexion assez grinçante et surtout criante de vérité, car elle représente aussi tout ce qui ne va pas dans nos sociétés modernes. Des sociétés dans laquelle on exhorte l'individualisme le plus bête, ou les jeunes doivent « rêver » d'être milliardaire, ou la « start-up » est le nouvel eldorado, ou on idolâtre la première personne qui nous fait croire qu'on a besoin d'une chose dont on n'a pas besoin, ou l'on veut protéger la planète en polluant. Bref un monde magnifique pour les vautours, les rapaces et autre charognards, que l'on ne nommera pas car on les connaît tous, ils sont présidents, grands patrons, animateurs, sportifs, star et starlettes de real tv ou encore hommes et femmes politiques ! Les nouvelles stars d'une société du spectacle qui n'en finit pas de s'autodétruire, cachée sous les oripeaux de la bienséance.

Quant à la réalisation de Taylor Hackford, c'est la sécurité avant tout ! Rien ne sort du lot, c'est plat, sans réelle énergie et surtout affreusement kitsch. Malgré ça, l'histoire se déroule sans accroc, notamment dans sa première partie, la narration est fluide et on apprend à connaître le personnage de Kevin Lomax, sauf qu'une fois que l'intrigue se déplace à New-York, le réalisateur verse dans la grandiloquence à outrance. D'un coté je comprend qu'il faille marquer la différence entre la campagne et la ville, le bon et le mauvais, dieu et le diable, mais c'est tellement caricatural dans sa démarche que ça ne prend pas. Toutes les femmes sont des tentatrices, New-York est la nouvelle Babylone prête à pervertir toute nouvelle âme qui s'immisce en elle, Satan qui fait bouillir de l'eau bénite en trempant son doit dedans …

Un mauvais goût qu'on retrouve dans les décors, le bureau de Milton, les statues derrières son bureau, l'appartement du grand patron accusé de meurtre qui n'est autre l'appartement de Donald Trump dans la Trump Tower; mais paradoxalement le travail du décorateur Bruno Rubeo est bon ! On ne peut pas lui reprocher ce qu'il a construit, c'est juste qu'au final ça ne fonctionne pas à l'écran et que ça participe à l'ambiance caricaturale que le réalisateur entretient tout au long du film. Puis que dire des petites touches horrifiques ? Si ce n'est qu'on ne comprend pas pourquoi elles sont là ! Ça manque clairement d'un vrai travail d'atmosphère, alors qu'il réussit parfois sur des idées toutes simples à nous embarquer dans son univers, comme le fait de rendre de plus en plus sombre les costumes du personnage de K.Reeves par exemple ! C'est tout bête, mais ça marque plus que tout ce que Taylor Hackford s'escrime à nous montrer. Le casting est quant à lui de qualité, Al Pacino, Keanu Reeves, Craig T. Nelson ou encore la toute jeune Charlize Theron. Hélas pour moi, comme pour vous, ils sont très mal dirigés, la palme revient a l'immense Al Pacino qui cabotine comme jamais dedans !

Pour la subversion, on repassera, pour le reste aussi ... 

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