Johnny Mnemonic

by - septembre 13, 2017


JOHNNY MNEMONIC
de Robert Longo

Une légende urbaine raconte, qu'à Los Angeles la ville de tous les possibles, un scénario a été jeté au bord d'une route. Près de là habitait un homme qui l'a ramassé et l'a lu. Il l'a aimé et a voulu joué dans ce film. C'était le scénario de Johnny Mnémonic et c'était Keanu Reeves.

Johnny Mnémonic, évolue dans une dystopie qui par certains égards ressemble à notre société. Il loue son cerveau pour transporter des données. Il s'est fait transplanter une puce en silicium que l'on charge comme on pourrait charger une carte SD. Il y a un code pour les restituer qu'il ne connaît pas, seuls les destinataires le possèdent. Il ne peut donc pas visionner ce qu'il abrite dans sa mémoire. Un jour il se déplace en Chine ou il est missionné. Bien que le dossier soit trop gros pour ses aptitudes, il accepte de le charger contre une grosse rétribution qui lui permettra d’arrêter ses courses et de se faire opérer pour retrouver une parfaite utilisation de son cerveau. Il a trois jours pour livrer ses données sous peine que son cerveau s'auto détruise. Alors que le code est transféré les Yakuza pénètrent dans la chambre et tuent tout le monde. Seul le coursier peut fuir.
Ce film est un cas d'école de ce que l'on attend d'un film cyberpunk. Ce qui est visible tout de suite est son univers sombre et désespéré. Pas une seule scène ne semble se passer pendant la journée. Les décors intérieurs, même les plus luxueux comme ceux des hôtels sont sombres. Quant aux autres lieux, souvent glauques, comme un bar ou un hôpital, tout est gris, noir il n'y a rien de lumineux dans cette histoire. Les lumières lointaines de la ville ne sont pas du tout réconfortantes ou apaisantes. Le seul endroit ou l'on trouve un peu de réconfort c'est à la lumière des Lo Tecks.
Cet endroit ou les gens vivent sur les déchets de la société qu'ils exploitent, fait d'eux un groupe à mi chemin des populations des bidonvilles, de ZADistes upgradés, et de petits génies en informatique. Ils sont l'incarnation de l'esprit punk.
Oubliez les mohawks, l'un des marqueurs les plus fort de cette culture. Ici c'est Ice T qui interprète leur leader, c'est locks de rigueur et ça s'intègre parfaitement bien à cet univers. Mais l'anarchisme il l'a collé à la peau ou plutôt gravé, avec le A caractéristique tatoué au milieu du front. Ce groupe ne pense pas que la société aura un futur si elle continue à évoluer dans les conditions ou elle le fait. Et ce qui est en train de se passer leur donne raison. Une nouvelle épidémie fait rage, les modifications apportées au corps humain on entraînées cette catastrophe sanitaire.
Leurs costumes sont jubilatoires, j'ai adoré leurs cotés steampunks, les chapeaux, les lunettes, le cuir, les petits gilets; ça accentue le coté rock. Leurs armes surdimensionnées complètent leurs looks. Quant aux autres ils sont aussi divers que variés. Un pécheur vêtu avec une cape qui ressemble à une aube, les tenues rococos des gens du bar, les différentes de Jane tout est un plus à leurs personnalités, une débauche visuelle. Quant aux yakuzas si leurs tenues ne sont pas extraordinaires leurs armes le sont. Par leurs tailles, leurs spécificités, on identifie beaucoup les personnages à elles; c'est super inventif. 
Le seul personnage sans gadget ou tenue affriolante c'est notre Johnny, avec son petit costume noir et sa chemise blanche. Il est seul avec son mal de tète. Mais comme tous les héros cyberpunk, il n'en est pas un. Il est désabusé, cynique, et cupide. Pour de l'argent il a sacrifié une partie bien particulière de ses souvenirs, il se fiche de ce qu'il peut bien transporter, il se moque des répercussions, il a besoin d'argent. Pour lui c'est le nerf de la guerre. C'est Keanu reeves qui interprète cet homme sur le point de mourir pour avoir transporté trop de données. Son rôle est un peu monolithique, et lorsqu'il y est plus humain, ou quand une colère éclate on est étonné, car rien n'est amené. 
Il est l'un des hackers de ce film, élément essentiel de ce genre. Visuellement ces moments sont assez sympa. Je m'attendais à ce que ça ait beaucoup vieilli. Mais c'est bien mieux que ce que je croyais. De plus l'idée d'utiliser des outils de la réalité virtuelle, en les détournant c'est assez sympathique. Le réalisateur est avant tout un artiste, et ses choix visuels sont toujours intéressants. Ça concerne également la pyramide d'écrans, ou l'invité surprise qui peut aider notre héros.
Le personnage féminin est difficile à développer, car elle est fluctuante. Elle est badasse, et capable de tuer sans ciller, puis se transforme en une princesse aux cheveux bouclés et malade. Il y a un vrai problème de scénario autour de ce personnage. Ça va de paire avec celui de Takeshi Kitano, qui n'amène rien à l'histoire, dont on ne comprend pas bien les tenants et les aboutissants, ni son interprétation du reste.
Ce film est un pamphlet contre une société qui s'ampute de ce qui fait d'elle ce qu'elle est dans le but de créer un profit sur le dos d'être humain qu'elle rend malade sans que l'on ne sache pourquoi?

Film considéré comme un des éléments constitutifs de l'univers cyberpunk à l'égal de Matrix ou Blade Runner. Il n'en a pourtant pas les qualités. Avant tout car il a été remonté par les producteurs pour qu'il soit plus mainstream alors que le scénario a été écrit par l'auteur de la nouvelle adaptée; et avec la vision d'un artiste plasticien qui signait son film unique. Et même si j'aime beaucoup ce film, on sent par moment la discontinuité de l'histoire.

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