Un Air de Famille

by - juillet 01, 2017


UN AIR DE FAMILLE
de Cédric Klapisch

Un air de famille, est classé dans mon panthéon personnel. J'en garde un souvenir fort et aussi une validation de certains choix de vie. Le partager avec le plus cinéphile de notre couple fut une expérience particulière.

Pitcher ce film, c'est déjà le trahir un peu. Mais au cas ou vous seriez passé à coté.... Tous les vendredis, une famille se regroupe dans un grand restaurant. Autour de la matriarche on retrouve le fils aîné qui a repris le bar de son père, le second qui est l'un des dirigeants d'une grosse boite, et sa femme ainsi que la fille de le famille. Ce jour là, c'est l'anniversaire de Yolande, et ils se donnent rendez-vous comme tous les vendredi dans le troquet d'Henri...
Ce film scénarisé par les deux acteurs principaux (le tandem Bacri-Jaoui, est à l'origine une pièce de théâtre, qu'ils avaient joué; et qui continue à être joué aujourd'hui.

Klapisch qui réalise ce film, arrive à intégrer une touche de mise en scène théâtrale, dans cet œuvre pourtant très cinématographique. Il garde et c'est ce que l'on perçoit le plus les discours bien ciselés et percutants. On y retrouve aussi les entrées et les sorties spectaculaires comme lorsque Henri descend et remonte de la cave. Donnant une image atypique au cinéma, ce qui est le cas de la photographie ici (les décors old school aux couleurs seventies, le «gilet du dimanche», le radiateur grille mouche...). Ce bar, même si on ne s'en sert pas est aussi pourvu d'une sortie court et d'une jardin. Et le réalisateur conserve le découpage en acte, en introduisant entre chaque moment du récit une respiration, habillée par une musique réconfortante. Il s'en sert pour éclairer avec une relative douceur le passé de cette fratrie en nous les montrant enfants. C'est là qu’apparaît le poids de la famille sur ce qu'ils sont devenus et ou s'ancre la manière dont ils interagissent aujourd'hui.
Tout cela est parfaitement combiné dans le scénario forgé par le tandem. Il arrive à désamorcer toutes les situations dramatiques et tristes en alternant les moments tristes et les moments drôles, les faisant même cohabiter. Quoi de plus tristes que ce quotidien banal, rythmé d'une espèce de fatalité et de reproduction du passé. Quoi de plus tristes que ces petites phrases que l'on a tous entendu «le plus triste c'est pour les enfants» ou encore «tu sais ce qu'il m'a fait(...), une otite». Mais ici ils prennent ces phrases, et les poussent jusqu'à la limite de l'absurde.

Celle qui les prononce c'est Yolande, femme du cadet, femme négligée par son mari. Épouse avec enfants, déguisée avec une panoplie «bourgeoise et collier en perles» qui semble tellement décalée avec la personnalité que l'on découvre d'elle. Yolande est attachante, même lorsqu'elle est infantilisée ou réifier par son homme d'affaire d’époux. Elle prend les traits de Catherine Frot qui incarne avec délicatesse cette femme. Et elle l'habille de sa douceur et de la candeur qui va souvent avec ses personnages.
Jean-Pierre Bacri est le grand frère grognon. Il est celui qui porte l'héritage de la famille. C'est lui qui a repris ce bar qui n'a que peu changé. C'est lui qui adapte son comportement envers sa femme en fonction de l'histoire de ses parents. Il est le bouc émissaire.
Le second frère est interprété par Wladimir Yordanoff. Il est celui qui a réussi. Il est condescendant avec tout son clan. Et est le chouchou de sa maman.
Agnes Jaoui est la fille «pas notée pareil» que ses frères. Ce rôle m'avait beaucoup parlé lorsque adolescente, j'avais vu ce film. Betty ne pense pas qu'elle doit se laisser faire, elle est forte et en adéquation avec son époque. Même si mon amour pour ce personnage aujourd'hui cohabite avec un plaisir coupable à regarder les tutos beauté. je la trouve inspirante, forte et à la fois en prise avec la réalité. Ce n'est pas si courant que ça. Elle évolue beaucoup au fil du film. Et le jeu pur de l'actrice rajoute à sa profondeur.

A mi-chemin entre monsieur Loyal, et un révélateur le rôle de Rémi est tenu par Jean-Pierre Darroussin. Cet homme transpire la bienveillance. Il est bon de s'attacher à ce personnage.

Agnes Jaoui dit de cette pièce et de ce film que bien qu'il soit très drôle, il lui donne envie de pleurer. Je ne pourrais pas mieux conclure que ça.

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