Wonder Woman

by - juin 11, 2017


WONDER WOMAN
de Patty Jenkins

Ecrire sur un film n'est pas un exercice facile, chez moi ça va de paire avec un genre de rituel ou je le laisse décanter et ou je réfléchis dessus. Mais Wonder Woman, j'en attendais rien. Je n'avais pas aimé les précédents Comic Book Movie (CBM) de chez DC. Je gardais une image mitigée de la série des années 70. Et je fus bien surprise.

Doit on vraiment parler de l'histoire? oui et non. Je ne pitcherai pas le film, mais le début nous fait débarquer sur l’île de Themyscira, île ou vivent les amazones .
Et dès ce moment là, la réalisatrice fait les bons choix. En décidant de raconter chronologiquement l'histoire de Diana, elle la présente comme enfant, une petite fille hyper attachante, avec une bouille à bisous, un air déterminé et espiègle, qui fausse compagnie à sa répétitrice pour assister aux entraînements de ces femmes, et faire du shadow fight qui fera fondre n'importe qui.

Et c'est par son biais que l'on nous raconte l'histoire de ces combattantes, pourquoi elles vécurent, pourquoi elles se battirent, et se retranchèrent sur cette île. Rapidement on sent le secret autour de cette petite princesse, on devine que la sculpture dans l'argile qui prend forme grâce à la prière , c'est un peu audacieux comme manière de conception... Lorsque Diana prend les trais de Gal Gadot c'est pour amorcer l'un des twists de l'histoire, l'arrivée des hommes, de la guerre, du départ de l’île.
Ce film se nomme Wonder Woman, donc on suit... Diana c'est logique. D'ailleurs elle ne sera jamais affublée de ce titre pendant le film. On suit ses premiers pas hors de Themyscira. Des premiers pas emprunts d'une naïveté, et d'un manque de connaissances sur cette société phallocrate. Se dessine en négatif,surtout porté par le jeu
discret et efficace de l'actrice le portrait d'une femme très actuelle. Une femme érudite (et n'ayant pas les tabous de liés à la nudité ou à la sexualité;assumant parfaitement l'un et l'autre), polyglotte, avec des valeurs qui régissent sa vie, et sachant se défendre seule, faisant ses choix, acceptant de suivre l'un ou l'autre, ou de ne pas le faire.
Elle est le personnage de CBM le mieux écrit que j'ai vu dans un premier film. On apprend qui elle est, d’où elle vient, on découvre plusieurs de ses facettes. Elle n'est pas représentée comme un personnage avec la maturité d'un adolescent, alternant les phases et qu'on a envie d'envoyer dans sa chambre. Patty Jenkins arrive à en faire une héroïne «sublime», sans l'hyper sexualiser. La manière dont est évoquée la scène d'amour en est la plus belle démonstration.

Évacuons tout de suite la question du féminisme. Essayant de ne pas utiliser d'insultes dans mes billets, je tache de modérer mes propos. C'est compliqué. Car je trouve que ça ne devrait pas être une fin en soi. D'abord car le personnage, n'est pas dans ces notions. On la suit pendant les quatre cinq premiers jours ou elle arrive dans cette société, en pleine guerre, je comprends que ce ne soit pas l'urgence. Parallèlement, il y a des marqueurs forts de sa manière de penser. Son comportement à Londres, ces échanges avec Etta. Un ensemble de petits détails qui font un tout. Le créateur du personnage Charles Moulton, voulait inspirer par l'exemple et je trouve que ce film suit cette philosophie.
Le féminisme est présent partout: la place d'Etta dans le Royaume uni de 1918, la manière irrespectueuse dont est traitée Diana par les généraux, mais aussi la manière dont elle est considérée par les autres membres de son groupuscule de
choc, la manière dont elle est vue par les civils; c'est tout aussi vrai pour ce qui touche au docteur poison, sa personnalité, le fait qu'isabel soit l'antithèse de la plante venimeuse, et ait au final un rôle qui d'habitude et attribué aux hommes... Alors oui, il n'y a pas d'invectives, pas de vocabulaire militant, pas de catch phrases, mais la vie ce n'est pas les catchs phrases des réseaux sociaux.
Je clorai le dossier Diana par le sourire, vraiment, il y a des gens qui disent que ce personnage sourit trop? Pour un personnage masculin vous avez déjà entendu ce genre de réflexions «batman, il fait trop la gueule» «antman, il rigole trop», bizarrement pas. Puis en tant que femme, j'ai affiché un sourire de circonstance alors que le sol se dérobait sous mes pieds toute ma vie. Je ne comprends pas cette remarque, moi je vois ce qu'exprime le regard ou l'attitude de Gal Gadot, j'y vois une finesse de jeu et la force d'un personnage.

Chris Pine qui interprète Steve Trevor, et le complice de Diana. Il tient valeureusement et avec humour cette place. Ce personnage est à la fois en accord avec son temps et à une ouverture d'esprit très anachronique pour son époque. L'acteur ne m'a pas autant marquée que dans Comancheria, mais il déploie quand même tout son talent pour exister. Et il en faut car quand tu te retrouves entre Gal Gadot qui est à son meilleur, et un Said Taghmaoui qui bouffe l'écran, il te faut plus qu'un regard bleu acier.
Dans ce film il a des bons acteurs à tous les niveaux, j'étais ravie de retrouver Robin Wright, Elena Anaya, et David Thewlis mais je vous laisse découvrir dans quel registre.

Car une fois n'est pas coutume, le scénario ne nous prend pas pour des idiots. L'intrigue et son épilogue ne nous sont pas annoncé des le début, le twist m'a surprise (je ne suis pas sure que ça me soit déjà arrivée dans le cadre d'un cbm). Et ça fait partie des transgressions scénaristiques qui font du bien, avec une histoire principale claire ancrée dans l'univers DC mais pas plus, pas de caméo d'autres super héros, pas de scènes post générique qui ne servent à rien. Et je me mets à espérer que ce film soit le début d'une nouvelle ère au royaume des films mal foutus sur les super héros.
Je ne peux pas terminer ce billet sans parler des décors. Ils sont sublimes, et détaillés. L’île de Themyscira est paradisiaques, les scènes en intérieurs apportent au film en décrivant ce milieu très fonctionnel et luxueux. Ils impriment la supériorité de cette civilisation. Alors que les scènes dans ses extérieurs majestueux nous parlent de leurs grandeurs d’âmes et de leur adresse aux combats.

Ceux de Londres, et des scènes de guerres, toujours sombres et gris reflètent le désespoir de ce monde, qui est perdu et ne se reconnaît plus. Les scènes de combats sont très bien réalisées, et lors de l'ultime face à face le jeu de lasso de Diana est sublime et quasiment poétique. Les effets spéciaux dans ce films amènent toujours quelque chose à l'histoire. Jusqu'au nuage jaune du gaz moutarde qui permet d'envelopper l'horreur et de nous laisser la deviner.

Si je prends un peu de recul sur ce film. Je me dis qu'il peut être interprété comme une métaphore du passage à l'age adulte tout autant que comme le premier opus des films de Wonder Woman. Je vois le paradis perdu de l'enfance, la formation de la personne, le départ pour vivre sa vie et s'accomplir, l'apprentissage de la différence, l'amour, la désillusion, puis au final ce moment ou les masques tombent et ou cette femme sait qui elle est et pour quoi elle est là. Sans plus se mentir sur son identité est et sur qui sont ceux qui l'entoure. Elle est une adulte.

Avoir vu tout ça dans ce film me rend optimiste sur les films à venir comme Captain Marvel de chez Marvel ou Aquaman de DC. Je ne suis encore sur la retenue pour les autres. Mais c'est une éclaircie dans cet univers bien obscur

NB: fred a publié il y a quelques jours un sur ce personnage un très bel article.
Quant à ces belles affiches je les ai trouvé sur le beau site poster posse

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