Cure

by - mars 29, 2017



CURE
de Kiyoshi Kurosawa


C'est avec Cure que j'ai découvert Kiyoshi Kurosawa. Je suis tombée amoureuse de son œuvre et de ses images composées avec richesses,et intelligences. Un vrai coup de cœur.
Kenichi Takabé est un inspecteur de police judiciaire japonnais. Depuis plusieurs jours, il fait face à un série de meurtres très particuliers. on trouve des cadavres avec une croix gravée au niveau du scapulaire, à chaque fois l'assassin est retrouvé à coté du cadavre. Il reconnaît le meurtre mais ne peut pas expliquer comment ni pourquoi il est passé à l'acte. Régulièrement il y a de nouveaux meurtres avec les mêmes caractéristiques. Il n'y a aucun point commun entre les victimes et-ou les assassins. Si ce n'est cet état très particulier dans lesquels sont les coupables, à la fois conscients de ce qui se passe mais dans une espèce de trance.


Kenichi est accompagné par son ami le docteur Akiko Miyajima qui l'aide à percer le secret de ses meurtres mais aussi à s'occuper de son épouse. Elle se perd dans sa ville autant que dans sa vie.

Il y a une manière de filmer bien particulière à Kiyoshi Kuroswa. Ici elle se base majoritairement sur le fait de filmer avec une légère desaturation en utilisant des couleurs ternes. Couleurs qui se répondent et se coordonnent, accentuant le sentiment désespéré et opaque du film.
La composition de l'image ,dans chacun des films que j'ai vu de ce réalisateur , est un aspect qui m'a fasciné. Elle est pensée et théâtralisée. Tout est important dans ce que représente l'image, mais aussi dans tout ce qui en est absent. Les champs contre champs sont aussi une des armes de cet homme. les choses ou les personnes apparaissent dans le cadre au détour d'un mouvement de caméra.


Ou alors c'est une image que l'on croit voir mais qui n'est pas celle que l'on croit. Tout n'est qu'apparence. Rien n'est ce que l'on croit . C'est une leçon de manipulation du spectateur, Un jeu de suggestion.
Et ça tombe bien car ça nous permet de rentrer en empathie avec... les meurtriers. Il est difficile d'en dire plus sans gâcher le film. Car même si parfois on peut avoir une intuition. Il est quand même surprenant, et c'est savoureux de se laisser porter par cette sublime réalisation. Mais une chose est sure la manipulation du spectateur est l'une des plus fine dont j'ai été le jouet.
Je ne serai pas dire si c'est un thriller efficace ou un film de genre de haut vol. cette ambiguïté est à l'image de ce long métrage. Il a différents niveaux de lecture. Aucune vérité ne se détache vraiment dans la vision du film et pourtant l'histoire est construite et palpitante. A chaque fois que je repense à ce film, à certains de ses détails,je trouve une nouvelle interprétation, ou théorie. C'est une richesse que je chéris tout particulièrement.

On trouve dans ce film un des acteurs fétiche du réalisateur Koji Yakusho qui joue un policier très clivé. Il sait très bien être froid et fermé lorsqu'il exerce son métier. Et compose un époux profondément aimant, inquiet et au bout du rouleau lorsqu'il est avec sa femme. Masato Hagiwara joue son antagoniste. Il incarne cet homme qu'on ne peut cerner. Son corps semble hypotonique quasi désarticulé. Il cultive grâce à son jeu son ambiguïté entre zombie et manipulateur. Rien que sa présence à l'écran donne le frisson.
A ce tandem il faut rajouter Yoriko Doguchi qui incarne le psy. Il est personnage qui évolue le plus imperceptiblement. son jeu est délicat et dans la nuance.

J'ai aimé ce film. Il n'a rien en commun avec ceux que j'avais déjà vu. Il est inquiétant et intéressant. Pour un premier contact avec Kiyoshi Kurosawa, il permet d'appréhender le style de ce réalisateur dans un cadre relativement concret.

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