Z

by - décembre 05, 2016


Un député progressiste est assassiné dans un pays méditerranéen. Le juge d'instruction s'occupant de l'enquête met en évidence, dans ce crime, la participation de l'armée et de la police.

Z – 26 Février 1969 – Réalisé par Costa-Gavras


Parfois il suffit d'un rien pour découvrir un film. Il peut s'agir du réalisateur, des acteurs, du genre ou bien souvent du sujet aborder. Toutefois cela ne se limite pas à ça et c'est le cas ici, car j'ai découvert « Z » de Costa-Gavras en me penchant sur la filmographie de Oliver Stone, qui cite ce film comme inspiration notamment pour son splendide J.F.K. Et comme j'adore le film d'Oliver Stone, que ce fut tout naturel de découvrir « Z », un film éminemment contestataire …

Dans un pays que l'on ne nomme pas, mais que l'on apparente sans forcer à la Grèce est le théâtre d'une contestation nourrie. Elle prend le trait d'un député progressiste qui se nomme « Z » et qui doit donner une conférence contre le nucléaire. Hélas les partisans du député doivent faire face à un gouvernement hostile, qui a autorisé la conférence mais qui fait tout pour l'interdire de manière officieuse. La salle qui devait l'accueillir ne peut plus, les autres se dérobent étrangement et ils se font harceler par des militants de droite qui n'hésitent pas à user de violence. Tout ce climat délétère se dégrade encore plus à l'arrivée du député, mais cela ne lui fait pas peur et il fait en sorte que sa conférence est lieu. Mais ce qui semblait être une tentative d'intimidation classique, tourne au traquenard et le député est victime d'un attentat dans la plus grande des confusions. L’enquête qui suivra aura pour but d'éclairer les zones d'ombres qui entourent le meurtre du député. Très vite, il s'avère que cela remonte jusqu'au plus haute sphère de l'état.

Au final c'est un film d'une extrême intelligence, militant et incroyablement lucide dans les faits qu'il raconte. Une histoire qui permet à Costa-Gavras de livrer un film engager contre les régimes dictatorial, déclarés ou non. C'est ce que le livre éponyme de Vassilis Vassilikos dont le film est l'adaptation parle, notamment par le biais de l’assassinat du député Grigoris Lambrakis.

Ici le réalisateur vise par cet intermédiaire deux périodes bien spécifique dans laquelle la Grèce est, ou a été plongé. Il s'agit de la période comprise entre 1952 et 1963 qui se caractérise par un régime faussement démocratique ou toute opposition est systématiquement réprimée sous couvert de la lutte contre le communisme et de « La dictature des Colonels » entre 1967 et 1974 qui voit l'arrivée au pouvoir de l'armée assortie d'une nouvelle répression. Un climat propice au pire bassesse comme l'assassinat d'un opposant qui déboucha à une mascarade d'une ampleur phénoménale.

C'est la que le film de Costa-Gavras est brillant car il ne se contente pas de nous énumérer les faits et les diverses manœuvres politiques dont le député est victime, il tourne ça à la dérision, voir à la satire. C'est drôle, burlesque et cela ne manque pas de second degré, car ce que l'on voit paraît tellement loin, tellement aberrant pour nous, que cela soit à l'époque en France ou maintenant (Quoique) que le rire vient naturellement pour décompresser. Un ton inattendu qui rend le film à la fois digeste et extrêmement fluide, de plus le fait de ne pas dire ou cela se passe exactement, rend le travail de Costa-Gavras encore d'actualité.

Marginalise t-on des mouvements d'oppositions ? Essaye t-on d'intimider des minorités régulièrement ? La justice est elle vraiment équitable ? La police est elle impartiale ? Couvre t-on les violences policières ? Est ce que les responsables politiques se tiennent du coté des citoyens ? Est ce que l'on vit dans des vrais états démocratiques ? Sommes-nous vraiment libre ? Bref si la liste peut être encore plus dense, cet ensemble de question que le film soulève est toujours aussi pertinent, que cela soit sur les régimes totalitaires en court à l'époque ou bien évidemment sur les dérives autoritaires des gouvernements des « grandes » démocraties.

Quant au casting il est superbe et brillamment dirigé. Parmi cette pléiade d'acteurs et d'actrices, ils sont deux à s'élever au dessus du reste, il s'agit de Yves Montand et de Jean-Louis Trintignant. Le premier avec toute l'élégance qui le caractérise joue le député « Z » (Grigoris Lambrakis), un homme de conviction que rien n’arrête même pas les menaces de mort à son encontre. Montand donne toute la hauteur et l'empathie qu'il faut à cet homme pour que l'on s'attache à lui malgré une certaine distance qu'implique son rôle. Quant au second, il joue le juge d'instruction en charge de l’enquête concernant l'attentat qui à coûté la vie au député. Discret, taiseux et pugnace, Jean-Louis Trintignant dégage beaucoup d'autorité et d'assurance pour mener à bien une enquête semer d’embûches, tout en ne laissant pas la place aux militaires voulant influencer les débats. A leurs cotés, on trouve aussi Irène Papas, Charles Denner, Bernard Fresson, Jean Bouise, Pierre Dux ou encore Jacques Perrin

Un film fort, sur un sujet fort et qui éveille les consciences.



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