Éternité

by - septembre 14, 2016




Éternité de Tran Han Hung

J'ai découvert le cinéma de ce réalisateur récemment, et comme j'ai une relation aux films très lente, je n'avais vu que deux de ses œuvres avant d'aller voir celle-ci. Mais à chaque fois ça avait été une rencontre sensuelle et enivrante. Cet été ne m'ayant pas comblée en matière cinématographique. J'étais impatiente de découvrir "Éternité"

Ce film est un film sur un ressenti, le ressenti du réalisateur lisant le livre d'Alice Ferney l'élégance des veuves. Bien que ma vision de l’œuvre de Tran Han Hung, se résume à mes acquis, c'est à dire "L'Odeur de la papaye verte" et "A la Verticale de l'été" ; je peux comprendre ce qui a plu à ce réalisateur. Ce livre traite des sujets que j'ai retrouvé dans chacun des deux précédents. La mort des êtres aimés et surtout celle des enfants. Ce qui est quand même, une des figures récurrentes ici. Comment on y survit? Et pourquoi y survit-on? On y retrouve aussi un autre thème favori de sa filmographie, les femmes. Personnages forts et en phase avec leurs temps, tellement plus fines que les hommes et pourtant jamais leurs égales. Elles sont des roseaux pris dans un cercle vicieux qui semble se répéter à chaque générations. De nouvelles personnes, d'autres circonstances, mais le constat est le même.



Alors il déploie toute sa magie, il utilise d'abord des couleurs chaudes et dorées semblant habiller ses actrices de paillettes d'or. Ses actrices toutes plus belles et impeccables les unes que les autres, et si c'est Bérénice Béjo qui m'a le plus touchée, je garderai longtemps l'image magnifiée et lumineuse de Mélanie Laurent. Le réalisateur pause sa caméra comme une caresse sur elles et sur leurs enfants, toujours si jeunes, frêles et fragiles. Il les noie dans un écrin de verdure, ou les perd dans le luxe de leurs hôtels particuliers, se servant des imposants miroirs pour nous dévoiler les sentiments qu'elles cachent. Tout est si réfléchi, si travaillé, si beau qu'il n'est pas rare de penser aux œuvres de Monet ou de Renoir.

Puis il a cette idée de génie, celui d'une narratrice qui nous raconte l'histoire. la voix douce et suave de Tran Nu Yen Ke , actrice fétiche du réalisateur, qui m'avait tant manquée à l'annonce du casting. Ce choix dangereux, lui permet d’éviter bien des écueils. Avant tout , il allège le récit qui dure le temps d'une vie, celui de Valentine. Il permet d’éviter les passages sans pour autant que l'on souffre de l'ellipse. Il permet aussi de ne pas tomber dans le mélo en nous préparant aux drames qui vont arriver. Et ils sont nombreux, c'est ce qui me dérange.



Il est évident que je n'aurai jamais lu ce livre, je n'en aurai jamais eu envie. Même si je suis émue par la démarche de l'artiste, qui fait raconter son film par son épouse et qui le dédie à ses enfants. Ce film qui parle de partage, de transmission, d'héritage, et de «lignée de femmes» ne me touche pas tant que ça. Peut-être parce que l'idée d'une lignée de femmes dont je serai un maillon, vu ma famille c'est super flippant. Ou est-ce le contexte? ces femmes toutes dévouées à leur maternité; sur lesquelles tout le reste glisse. L'unité de temps de l'histoire, est celle que mettra un enfant à naître.

L'image de l'homme des années 1950 développée est aux antipodes de celle que j'ai. Avec le recul, je la trouve dérangeante. Je ne pense pas que les hommes soient incapables de s'occuper de leurs enfants. je ne pense pas que tout à leurs libidos, ils ne voient pas que leurs femmes dépérir.Prime aux acteurs masculins qui interprètent la seconde génération. Jérémie Renier est parfait dans son rôle. Et Pierre Deladonchamps est pour moi le personnage masculin, plus contemporain, plus maladroit, plus touchant. Puis je suis un petit cœur sensible, et je ne m'attendais pas à autant de morts. C’est violent et bien que le réalisateur ait su enrober le récit, on en sort lourds et douloureux. Et ce n'est pas ce que j'attendais.

J'ai aimé éternité, je ne regrette nullement de l'avoir vu. Mais je ne le conseillerai pas à quelqu'un qui n'a jamais vu un film de cet artiste. Car si vous n'aimez pas son style, vous n'aimerez pas cet opus. Je trouve qu'il n'a de valeur que parce que c'est lui qui le dirige



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