Truman

by - mai 05, 2016


Julian, un madrilène, reçoit la visite inattendue de son ami Tomas qui vit au Canada. Ils sont loin de se douter qu’ils vont passer avec Truman, le chien fidèle de Julian, des moments émouvants et surprenants…
Truman – 6 Juillet 2016 – Réalisé par Cesc Gay

Qu'est ce que « Truman » ? Une hagiographie du trente-troisième président des Etats-Unis d'Amérique ? Le nom de famille d'un acteur anglais ? La suite d'un film avec Jim Carrey ? Ou alors un autre film consacré à Truman Capote ? Certains sujets sont séduisant, mais cela n'a rien à voir ici, dans le film dont je vais parler, c'est juste le nom d'un chien. Un animal qui va se trouver dans la plus inconfortable des positions, faire que des vieux amis se parlent, surtout quand l'un deux va mourir ….

Julian est un ancien acteur qui à connu la gloire, ainsi qu'une vie faite de plaisirs en tout genres. Mais voilà que la vie se montre cruelle, car Julian a un cancer, une maladie qu'il a combattu une fois et qu'il a décidé de ne plus combattre quand elle a récidivé. Une attitude que ni sa cousine ne comprend pas, ni l'un de ses vieux amis, le sympathique Tomas, ne comprennent. Alors que Julian boucle cliniquement ce qu'il doit faire avant de mourir, son ami débarque fraîchement du Canada pour passer quatre jours à ses cotés. Tétanisé à l'idée de voir son ami dans cette situation délicate, Tomas ne sait que faire, mais peu à peu l’amitié va passer au dessus de la peur, des clichés et de la mort pour partager aux mieux c'est derniers instants avec lui …



Pour son dernier film, Cesc Gay à séduit le public espagnol et les Goyas avec pas moins de 5 récompenses, dont celle du meilleur film et du meilleur réalisateur. Un nouveau long métrage d'une belle simplicité au scénario co-écrit par Cesc Gay et par un de ses plus fidèles collaborateurs Tomas Aragay.

Si dans son dernier film il mettait en scène plusieurs hommes dépassés par leur vie, ici il se concentre sur deux bonhommes et une femme face a la maladie! On aurait pu craindre quelque chose de très larmoyant, mais ce n'est pas le cas, Cesc Gay livre une histoire pleine de retenue et de justesse.

Le film s'attelle en 90 minutes à briser les clichés et les tabous que l'on a sur le cancer, (cela marche pour d'autre maladies) mais plus généralement sur les personnes malades. Pour beaucoup de gens (C'est mon expérience personnelle qui parle) la maladie fait peur, on s'imagine la personne dans un salle état, diminuer, vide de vie et d'espoir, mais c'est très souvent le contraire, ici le personnage de Julian (Ricardo Darin) nous prouve que malgré son état et sa mort prochaine, il ne reste pas dans un coin à attendre la grande faucheuse. Il continue de sortir, de jouer au théâtre, mais aussi de préparer son départ et quand vous êtes seul, il faut bien le faire et en cela, Julian fait preuve d'énormément de courage.

Une attitude qui déstabilise tout le monde y compris son chien « Truman » ! Le seul être qui ne l'a jamais lâché, jugé ou abandonné et c'est à travers lui que Tomas (Javier Camara) va vaincre son appréhension. Désemparé au premier abord, il cache très mal son malaise, mais peu à peu, il va retrouver son ami, celui qui lui apprenait toujours les « mauvaises choses » et cela pour le meilleur et pour le pire. De cette étonnante visite au cancérologue pour voir son ami dire qu'il ne se bat plus ou encore quand il accompagne pour choisir un cercueil, des moments difficiles, voire insurmontables, mais la dérision dont fait preuve Julian rend le sourire a Tomas et surtout lui montre que son ami n'a besoin que d'une chose, de soutien !

Cette amitié retrouvé va aussi faire se rapprocher Paula (Dolores Fonzi) et Julian, recréant temporairement une famille ! Car c'est aussi une chose qui peut être affectée, les liens peuvent se dégrader, voir se rompre, ce qui aurait pu être le cas avec Paula dans le film. Mais en rompant l'isolement, en trouvant des soutiens (Tomas), on n' est plus seul et cela permet a tout le monde de mieux le vivre. Le malade (Julian) n'est plus seul, la famille non plus, les amis aident, pour que chacun traverse au mieux cette période douloureuse.

Et c'est bien là toute la singularité de ce long métrage ! Cesc Gay ne fait pas de grand discours sur la vie, les gens ou la maladie, il montre simplement la complexité de ce genre de situation et en se concentrant sur trois personnes plus un chien, on évite les écueils d'un film débordant de pathos. Réalisé avec beaucoup d'efficacité, le film se suit sans déplaisir et avec un œil bienveillant tant la justesse est de mise, on rigole autant que l'on peut pleurer et cela on le doit au duo d'acteurs qui tient sur ses épaules cette histoire touchante. Une distribution quatre étoiles qui va et vient au gré de l'histoire avec naturel et spontanéité, on y trouve ainsi Elvira Minguez, ainsi Javier Gutierrez dans le rôle d'un des employés des pompes funèbres. Des têtes connus du cinéma espagnol qui font plaisir à voir et qui côtoie l'impeccable Ricardo Darin, lauréat du Goya du meilleur acteur, qui livre une prestation pleine, puissante et nuancée, ou l'on a aucun mal a croire a son personnage; le surprenant Javier Camara, lauréat du Goya du meilleur second rôle masculin, délivre une prestation sincère, drôle , sensible et touchant: puis on trouve Dolores Fonzi dans le rôle de Paula, cousine inquiète au tempérament explosif qui ne comprend son cousin, cachant un réel mal-être que l'actrice appréhende au mieux pour une prestation de qualité ! 



Un drame touchant, à la simplicité désarmante !



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