The Book of Life

by - avril 14, 2015



Depuis la nuit des temps, au fin fond du Mexique, les esprits passent d’un monde à l’autre le jour de la Fête des Morts. Dans le village de San Angel, Manolo, un jeune rêveur tiraillé entre les attentes de sa famille et celles de son cœur, est mis au défi par les dieux. Afin de conquérir le cœur de sa bien-aimée Maria, il devra partir au-delà des mondes et affronter ses plus grandes peurs. Une aventure épique qui déterminera non seulement son sort, mais celui de tous ceux qui l’entourent.

The Book of Life – 22 Octobre 2014 – Réalisé par Jorge R. Gutierrez

Petite chose avant de commencer, sachez que je n'évoquerai le film qu'avec son titre original « The Book of Life » et non avec son titre fr, qui le fait passer pour un téléfilm de seconde zone bon qu'a être diffusé sur TF1 un dimanche après-midi. Comme beaucoup de personnes, j'ai découvert l'existence de « The Book of Life » par son illustre producteur, l'excellent Guillermo Del Toro. Un producteur qui à souvent le nez creux et qui aide avec beaucoup d'altruisme les projets ou il s'y investit ! Porté par Jorge R. Gutierrez, ce film nous transporte dans les souvenirs d'enfance du réalisateur, avec comme étendard un amour énorme pour sa patrie le Mexique.

Le film commence d'une façon très ordinaire. Un vieux gardien de musée attend patiemment la fin de la journée quand un bus rempli d'enfants collés, arrive pour une visite. Ils sont très turbulents, voire impatients de commencer la visite, qui s'annonce épique … Mais ils sont vite arrêtait par une charmante guide du musée qui les entraînent dans une partie cachée du musée consacré au Jour des Morts. Une fois franchit les portes de cet espace immense et coloré, elle leur raconte l'histoire de Manolo, de Joaquin et de Maria tirée du « Book of Life ». Lors du jour des morts, dans le petit village de San Angel la population s'active avec entrain et bienveillance. Elle fête ses morts avec joie, les tombes sont fleuries, décorées et les calaveras sont légion. C'est aussi le jour que choisissent la Muerte et Xibalba pour apparaître et observer la population de San Angel. La Muerte sont royaume se situe dans « The Land of Remembered », un espace enchanté ou les âmes décédées vivent un repos éternel dans la joie et l’allégresse. Tout le contraire de Xibalba qui est le gardien de « The Land of Forgotten », un pays froid et sans retour.

Si l'une est bienveillante, l'autre est malfaisant, ils s'ennuient énormément et s'amusent comme ils peuvent en pariant sur l'avenir. Et c'est la qu'entre en scène nos trois jeunes personnages, Manolo jeune guitariste prodige et Joaquin l'intrépide guerrier convoite malgré leurs amitiés l'amour de la belle Maria. Un amour qui se décidera sur un coût du sort. Car il semble inéluctable d'aller contre le destin, mais la force des protagonistes ira bien au delà, mettant en danger l'amitié et l'amour qu'ils portent à leurs proches mais aussi leurs vies.

The Book of Life est un petit bol d'air au pays de l'animation mondiale car même si je n'en suis pas le plus grand consommateur, il faut reconnaître que sortis du carcan Disney, Dreamworks, Ghibli, on n'a pas forcément le choix. Ce film est en soit une sacré prouesse, car l'animation n'est pas le média le plus utilisé dans le cinéma Mexicain, le produire n'en est alors que plus difficile. Mais la rencontre aussi vitale que coquasse entre Jorge R. Gutierrez et Guillermo Del Toro sera le point de départ de « The Book of Life » ainsi que d'une collaboration riche en échange.


A l'image de Gutierrez et de son imposant producteur, le film est d'une très grand richesse. Que cela soit d'un point de vue narratif ou strictement iconographique, Gutierrez nous transporte dans son Mexique à lui, celui fait de couleurs, de douceurs et de douleurs. Un pays luxuriant, coloré, dangereux et festif, comme pendant « Le Jour des Morts », théâtre de son triptyque amoureux.

La romance sera la toile de fond du récit, un récit porté par l'amour. Elle met en exergue les différents protagonistes, enjeux et surtout rebondissements, car cela n'en manquera pas. Munit d'une intrigue en 3 parties, elle s'articule à chaque fois sur trois strates physiques bien distinctes. On a le monde réel, c'est a dire le Musée, le conte et les « 2 esprits » ;puis le monde du conte, avec San Angel au centre ; et les deux mondes contrôlés par la Muerte et Xibalba en périphérie. Une telle idée de l'espace, aussi bien défini, se ressent dans l'histoire. C'est fluide, très bien équilibré et cela malgré une durée plutôt modeste. On a une introduction qui porte bien son nom, qui pose les bases de son histoire sans se presser, le cadre de la fête des morts, les différents personnages que sont Joaquin, Manolo et Maria ainsi que ce qui les motivent ! Et quand l'histoire s'étoffe, Jorge R. Gutierrez s'amuse constamment a mélanger les genre, c'est tour à tour une comédie musicale, une romance, un film d'aventure ou encore une comédie burlesque variant selon le passage dans le film. Car le Manolo adulte n'est pas le même que celui enfant, tout comme Joaquin et Maria, ce qui fait que petit comme grand, on se sent forcément un peu concerné.

D'une certaine manière, voir l'enfance des personnages principaux permet de poser des réflexions intéressantes qui muent avec l'age des protagonistes. Au début le trio n'est qu'innocence, ils jouent, rigolent et font des bêtises sans se rendre compte de ce qui se passe. Alors que nous on voit, le poids de la famille, le père de Manolo lui expliquant ce de ne pas oublier ces aïeuls, de plus le jour de la fête des morts sur la tombe de sa maman. De l'héritage du passé pour Joaquin, jeune orphelin qui vit avec l'aura d'un père héroïque qui jadis tomba au combat devant un grand bandit. Ou encore celui du rang social pour Maria, qui d'une se doit de faire honneur a son père mais aussi étant une fille, elle doit se comporter comme une parfaite petite poupée docile.

Un héritage pesant que les enfants, ne comprennent pas. Ce qui change assez vite, car l'age aidant, ils voient plus loin, Manolo défie constamment son père pour affirmer sa passion, Maria est a son retour semblable à la Rose de Titanic et Joaquin compense un manque d'affection par une omniprésence très dérangeante. Une volonté de s'émanciper qui est légitime ! Ce qui complète le message de la fin, sur la nécessité d'écrire sa propre histoire, d'aller contre le destin et les chemins prédestinés. Une façon aussi d'évoquer la hargne qu'il a fallu a Jorge R. Gutierrez ; comme a tout jeune auteur pour imposer ses choix et monter son film.

Le réalisateur n'aura alors eu de cesse d'imposer des influences très fortes. Il a bien sur pioché dans la culture mexicaine, mais aussi dans les textes de la culture maya et des cultes pré-hispaniques, comme dans ceux de la mythologie grecque pour inspirer son récit comme certains éléments visuels. On retrouve ainsi toute l'iconographie du Jour des Morts. Au cimetière avant tout, avec son lot de crucifix, de calaveras (crane en sucre), de fleurs, d'offrandes et d'autelss. Les fleurs et les cranes quant à eux deviennent des motifs récurrents qui sont intégrés dans le design des personnages comme dans ceux des bâtiments. On y trouve aussi l'aspect jeu et défi a un dieu que l'on trouve dans la légende des jumeaux héroiques (Hunahpú et Xbalanqué), mais aussi le nom de Xibalba qui est le monde souterrain dans la culture maya. La Muerte quant à elle s'inspire grandement du culte voué à « Santa Muerte ». Figure d'un culte religieux mexicain qui à l'origine s'inspire de plusieurs éléments de la culture pré-hispaniques des morts, des dieux aztèques et mayas, le plus significatif étant Mictlantecuhtli et Mictecacihuatl, dieux et déesses de la mort (Xibalba et La Muerte) ! Ils ont aussi l'aspect taquins, capricieux et joueurs des dieux que l'on peut lire dans l'illiade de Homère. Pour finir on y trouve l'influence d'Orphée et Euridice. Notamment sur l'histoire ou Manolo se trouve à aller dans le monde souterrain pour secourir sa bien-aimée. Il se confronte à Xibalba ainsi qu'a des épreuves testant son courage. Une comparaison qui s’arrête là et qui reprend au niveau des compétences de Manolo qui est aussi un musicien doué, capable comme Orphée d'attendrir les bêtes féroces par la musique (cf: Le duel Manolo/ Taureau dans l'autre monde)

Bien équilibré, rythmé et sous influences continues, « The Book of Life » ne s'écarte jamais de ce qu'il écrit et décrit à l'écran. C'est un film d'animation très bien orchestré, graphiquement osé, techniquement bien réalisé. L'ensemble du métrage est très coloré, cela fourmille de détails et les personnages sont vraiment de toutes beautés, car franchement comment ne pas tomber béat devant le design de « La Muerte » ou de « Xibalba » qui sont aussi beau que munit d'une grande personnalité. Le réalisateur ne se laisse pas aller et il optimise au mieux ses 1h30 de temps pour laisser l'histoire se développer aux mieux. Et Gutierrez se permet même d'en faire par passage, une comédie musicale de qualité. Composée de reprises et de morceaux originaux. Écrit par Gustavo Santaolalla, auteur oscarisé deux fois pour l'ost du « Secret de Brokeback Mountain » et de « Babel ». L'ensemble est d'une très belle facture, elle illustre la romance de Manolo et Maria, accentue la tension ainsi que l'émotion dans les moments clés du film mais romance oblige, on appréciera aussi le joli brin de voix de Diego Luna.

The Book of life est comme son nom l'indique, un bout de vie, coloré, joyeux et inspirant pour donner l'envie de vivre.


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