Les Derniers Jours

by - octobre 12, 2013

          En 2014 le cinéma espagnol va devoir survivre avec un budget famélique de 48,21 millions d'euros. Un budget ridiculement bas, fruit de la politique d'austérité qui sévit en Espagne, ce qui semble hallucinant quand on le compare au budget français et surtout aux polémiques stériles qui sévissent, certaines justifiées et d'autres carrément pas. Malgré une situation désastreuse, unanimement dénoncée lors de la cérémonie des Goyas cette année, le cinéma espagnol continue avec brio de sortir des films ambitieux et le dernier en date que j'ai vu c'est « Los Ultimos Dias » autrement dit « Les Derniers Jours » signé par Alex et David Pastor.

           En prise avec l'actualité, les Derniers Jours se déroulent à Barcelone. On suit le quotidien cloître de Marc, qui est bloqué comme tout ses collègues dans l'immeuble ou ils travaillent car un mal étrange les empêchent de sortir. Toutefois quelques mois auparavant tout se passait bien, malgré un climat économique tendu, Marc menait une vie tranquille avec Julia sa femme. Mais petit à petit l'atmosphère s'est dégradée, l'entreprise doit faire face à des difficultés et une épidémie étrange se propage très vite, entraînant chez la personne atteinte un sentiment de claustrophobie intense, qui la prive de toute sortie extérieure Cette pandémie foudroyante paralyse le monde, l'économie et les relations entre personnes, Marc se retrouve alors coupé de Julia pendant prés de trois mois, jusqu'au moment ou de son immeuble un accès au métro est ouvert, ce qui va permettre de pouvoir se déplacer et l'ennemi d'autrefois va devenir l'ami de demain dans une quête pour sauver ce qui peut l'etre.

           J'entends déjà les petits malins qui vont me balancer « Le film ne révolutionne rien » blablabla …. Oui c'est vrai je ne le nierai pas mais les freres Pastor ont la volonté de proposer autre chose, une autre vision de ce que pourrait être un film post-apocalyptique en faisant fi des connivences habituelles. C'est à dire qu'il propose la vision d'un virus létal seulement si l'on sort dehors et ceci fait la différence, car le récit écrit par les Pastor prend alors une épaisseur inattendue.

          Ils proposent ainsi une histoire simple, une histoire humaine, car les personnages Marc/Julia/Enrique ne sont pas au centre d'un complot, ou autres histoires de zombis, ils font juste face à leurs propres peurs, bloqués, prostrés, ils n'ont plus le choix et ils se retournent sur des valeurs simples, l'amour, la famille et les personnages décident d'assumer le peu qui leur reste et de faire face quoi qu'il en coûte. Malgré tout on peut s’empêcher de penser à nous, a notre propre quotidien, a cette volonté constante de consommation, de ne pas comprendre, connaître ou encore aider l'autre, ce qui met des barrières invisibles entre les personnes, comme l'agoraphobie dont sont pris les personnages dans le film.

          Pour ce sortir de tout ça, la route sera longue et parsemée d’embûches, les Frères Pastor faute à un budget riquiqui se concentrent sur les petits périmètres, ils se placent ainsi à hauteur d'homme ; pour dévoiler une société souterraine dangereuse... Un monde plein de pieges, de haine et de sentiments refoulés, les frontières sociales sautes, la personne aisée devient l'égal de son employé, les sentiments sont exacerbés, le moindre bout d'espace devient alors le fruit d'une lutte acharnée … La progression ponctuée de flashbacks est assez maladroite, car si on ne suit pas, on peu perdre un instant le fil du film, cependant cela permet progressivement l'attachement aux personnages et les quelques scènes clés sont vraiment dures, poignantes (cf : la vue sur l’hôpital , justes et bien réalisées; des scènes auxquelles ont peut rajouter le boulot de Fernando Vélasquez (musique) et de Daniel Aranyo (Photo). Et la fin porteuse d'un message double, à la fois nihiliste et pleine d'espoir peu paraître niaiseux si l'on s’arrête à ce que l'on voit, mais c'est si clair au fond, changeons, arrêtons d’être des gros cons avant d’être obliger de laisser ça à nos enfants ..

          De plus le casting est solide, bon Marta Etura n'est pas exploitée à sa juste mesure, ce qui est dommage, car elle arrive à être bouleversante malgré le peu de présence à l'écran; Quim Gutierrez et José Coronado sont les vraies têtes de gondole de ce film, le premier qui joue le mari de Julia est assez touchant, bien qu'un peu agaçant par moment, on s'identifie assez vite au destin de ce personnage; mais le meilleur reste José, qui éclipse à lui tout seul tout le reste, il en arrive même à bonifier le jeu de son camarade, alors qu'on le voit tous comme un enfoiré, il réservera bien des surprises ….

Imparfait certes mais vraiment surprenant ...


LES DERNIERS JOURS
Réalisé par Alex Pastor, David Pastor
En salle le 7 Août 2013 

Depuis la propagation d’un étrange et foudroyant virus, le monde est devenu terrifiant : sortir est désormais impossible. Dans leurs maisons, leurs bureaux, les gares, les gens sont condamnés à vivre cloitrés et doivent se battre pour leur survie. A Barcelone, Marc, piégé dans son bureau, se retrouve séparé de sa femme Julia. Contraint de faire équipe avec Enrique, son pire ennemi, il part à sa recherche dans les entrailles de la ville …


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