Il y a prés de quatre ans, on voyait débarquer un illustre inconnu à la tête du box-office. Repéré et chapeauté par Peter Jackson, ce qui était suffisant à l'époque pour faire du sud-africain Neill Blomkamp quelqu'un à suivre. Il réalise alors la performance surprise de l'année 2009 avec « District 9 », une véritable petite bombe de science-fiction qui a fait preuve de suffisamment d'audace pour surprendre. Inspiré par son court-métrage « Alive in Jobourg », il se fait le véritable reflet d'une Afrique du Sud encore malade de l'Apartheid, District 9 bousculait alors les choses et ne manquait pas de causticité. Un succès qui a suffit à faire de son nouveau film « Elysium » l'une des sorties incontournable de cette année.

Si le développement de « District 9 » était l’accomplissement de « Alive in Jobourg », Neill Blomkamp trouva l'idée d'Elysium lors d'un voyage au Mexique. Une idée qui part d'une situation qu'il n'attendait pas, à savoir être arrêter injustement et devoir payer pour être relâché en pleine nature, loin de tout et surtout prés du malheur des gens. Un constat saisissant sur la différence entre riche et pauvre qui sera l'une des idées de bases du film. Une idée et des inspirations qui viennent de tout horizon, mangas, jeux vidéo, film et mouvement Cyberpunk (J'ai beaucoup pensé a Gunnm de Yukito Kishiro).

Nous sommes en 2154 et la Terre n'est plus qu'un immense bidonville. Tous ce que l'on peut craindre arrive dans le film. Surpopulation, famine, criminalité en hausse … Les classes sociales sont encore plus clivés, car seul les riches peuvent vivre une vie saine et tranquille à bord de Elysium. Une structure circulaire dans l'Espace, loin de tout réchauffement climatique, loin de tout débordement. Les habitants jouissent de tout le confort et d'une vie très longue, sans maladie. Mais la vie sur Terre est tout autre … Max, orphelin et fort en gueule, essaye de vivre une vie normale sans trop se faire remarquer, car il a un lourd passé de délinquant, vol de voitures et braquages. Loin de renoncer à tous ses rêves, il travaille dans une usine de Armadyne, mais un jour cela va dérailler pour de bon. Suite à un accident, Max n'a plus que quelques jours à vivre et cet accident va précipiter son départ sur Elysium pour ce soigner. Une course contre la montre s'engage pour son salut …

Au final, Neill Blomkamp prouve qu'il est devenu indispensable à cette industrie !!! En deux films, il pose son empreinte, sa vision et ses thèmes de prédilections. Après le racisme dans « District 9 », Neill Blomkamp pose sa caméra sur la barrière entre riches et pauvres au travers du regard de Max. Symbole d'une terre en pleine révolte, il est prêt à tout pour se soigner, quitte à prendre des risques inconsidérés et à modifier son corps pour réussir. Une dualité que Max/Damon fait bien passer, d'une initiative individuelle, il fera beaucoup plus et cela atténue le coté manichéen du récit. D'un autre coté, on trouve l' Elyséen, archétype du très riche qui vit dans son monde, beau, grand et blanc. Critique d'un système injuste sous influence cyber-punk, il délivre un récit assez riche et aux thématiques variées, qui est une parfaite toile de fond pour un film d'action S.F assez ambitieux. Neill Blomkamp adopte à nouveau la caméra à l'épaule, notamment dans les séquences d'actions, dans un style futuro-réaliste, mix entre robots, armes anciennes upgradés et exosquelette qui donne une force surhumaine, une flopées de scènes qui ponctue une histoire qui vas crescendo et qui n’hésite pas à nous émouvoir...

Cependant, au vu de ce que j'en attendais, j'ai été un peu déçu, notamment à cause du récit. Le scénario signé Blomkamp pose les bases d'une histoire et d'une toile de fond vraiment passionnante, sauf qu'en 1h50, on ne fait qu'esquissait tout cela. Le prologue aurait gagné à avoir plus de détails, il manque d'éléments politiques, de l'organisation sur terre et sur l'Elysium … Mais il y a aussi des facilités scénaristiques flagrante ainsi que quelques incohérences qui peuvent déplaire.

Matt Damon est beaucoup plus subtil et moins bourrin que ce qu'il en a l'air, c'est ainsi que par des jolis flashbacks, on se familiarise avec le bonhomme, son enfance et ses aspirations et si il fut un délinquant, il n'en reste pas moins un brin naïf et innocent, Jodie Foster a.k.a la Garce, la dominatrice, la saloperie … bien mise en valeur par des tailleurs Armani, elle est un condensée de toute les femmes de pouvoirs de notre temps, froide, dure et presque sans émotions, tandis que Alice Braga (Fray) ne sert hélas que de sidekick dramatique. L'excellent Sharlto Copley incarne peut être le méchant le plus dingue et le plus badass de cette année, un vil mélange entre Looping et Hannibal, un sacré sociopathe ; Wagner Moura incarne un cyber-résistant, Diego Luna joue un des potes de Max et William Fichtner le placide P.D.G de Armadyne ...